Léon, un grand-oncle Résistant (2/2)

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Dans l’article précédent, je vous ai présenté Léon, mon grand-oncle originaire du Nord. Grâce aux archives du Service Historique de la Défense, j’ai découvert qu’il a été Résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale.


Nous l’avons quitté alors qu’il s’était enfui de la caserne Biron de Landrecies, en août 1943.

La suite de son engagement : recrutements, approvisionnements et vols d’armes allemandes

Entre septembre 1943 et février 1944, Léon effectue des recrutements pour le groupe Simoun.
Il approvisionne les réfractaires et les illégaux en tickets d’approvisionnement fournis par l’Etat-major de Maubeuge. Les réfractaires sont ceux qui se soustraient au STO (service de travail obligatoire), institué par le Reich et le régime de Vichy pour fournir la main d’œuvre nécessaire à l’effort de guerre allemand.


Plusieurs fois, il dérobe des armes et munitions au camp Bismarck. Les Allemands ont en effet installé plusieurs camps dans la région, afin d’entreposer des armes et de défendre le secteur de la Sambre. Deux camps se situent dans la forêt de Mormal et dans le massif de Bois-l’Evêque, à proximité de Landrecies. Léon assure le transport de ces armes vers Maubeuge via Landrecies.


Il transporte également des outillages destinés au sabotage des installations allemandes et constitue un dépôt d’armes.

Le camp militaire de Bois-l’Evêque. http://www.delcampe.net

L’arrestation de 1944

Le 27/02/1944, il est arrêté à Landrecies par la police de Vichy suite à une dénonciation. Depuis l’automne 1943, la répression allemande est de plus en plus forte.

Léon est interrogé dans la gendarmerie de Landrecies et subit des coups de pied, de poing et de matraque. Il est transféré le lendemain à Avesnes-sur-Helpe et interrogé deux nouvelles fois. Le 04/05, il est emmené à la prison de Cuincy-Douai. Il est condamné deux jours plus tard à 5 ans de réclusion, 5 ans d’interdiction de séjour et 1200 francs d’amende.

La prison de Cuincy-Douai. Source : La Coupole. Association AJPN

A partir du mois d’août, les Allemands transfèrent de plus en plus de prisonniers de Cuincy et d’Arras vers la prison de Loos. De là, des convois de trains sont organisés pour les envoyer dans les camps de concentration allemands. Ces convois sont dus à la progression alliée, les Allemands ne souhaitant pas que leurs prisonniers tombent aux mains des Alliés. En 1944, plus de 360 prisonniers sont déportés en Allemagne afin de purger une peine supérieure à 9 mois.
Par chance, Léon ne fait pas partie des prisonniers transférés. En effet, depuis le 24/12/1943, les affaires instruites par la police française sont laissées à la justice française, et les prisonniers sont incarcérés à la section française de Douai. Y compris les détenus accusés d’appartenir à des groupes FTP, de détention d’armes et d’ « activités terroristes ».

Le 01/09/1944, les services de résistance s’organisent afin d’évacuer les prisons du Nord. C’est à cette occasion que Léon est libéré. Il sera resté 6 mois en prison. Il a échappé aux bombardements alliés (qui préparaient la Libération), et surtout, aux déportations vers l’Allemagne. Le 01/09, un dernier train part de la gare de Tourcoing avec environ 900 détenus à son bord.

Le lendemain, Léon rejoint son groupe à Landrecies. Du 01/09 au 05/09, Les FFI participent à la Libération du Nord et constituent de véritables auxiliaires pour la 3ème Division blindée américaine. Le 03/09, Léon se rend à Le Quesnoy, dont la zone est encore occupée par les Allemands. Il participe à la Libération de cette région aux côtés des Américains. Son dossier de Résistant mentionne même qu’il rentre à Landrecies sur un char américain.

La Libération de Maubeuge par les Américains, 02/09/1944. La Voix du Nord, 2014

Jusqu’au 01/10/1944, Léon patrouille dans la zone de Landrecies et Le Quesnoy et effectue des opérations de nettoyage et de reconnaissance. Il capture plusieurs prisonniers allemands et participe à leur surveillance.

C’est à cette date que se termine l’engagement résistant de Léon, après un an et demi passé au sein des FTP dont six mois d’emprisonnement. Il a désormais 23 ans et doit se réintégrer dans la société civile. Il deviendra maçon et résidera toujours dans la région de Landrecies.


La région où a exercé Léon au sein des FTP. Google Maps

Sources

Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France (AJPN) : la prison de Cuincy-Douai 

Laurent THIERY, Larépression allemande dans le Nord de la France, 1940-1944, Presses universitaires du Septentrion, 2013, Google books

Musée de la Résistance de Bondues
Guide de l’exposition « La Liberté guidait leurs pas », 2013
Document d’étude sur la Libération du Nord-Pas-de-Calais, 2013

La Voix du Nord, septembre 2014 : dossier à l'occasion des 70 ans de la Libération du Nord-Pas-de-Calais

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